Jean-Louis Simplet, grenadier de la Garde Impériale

Par Jérôme Croyet et Pierre-Baptiste Guillemot, membres de la SEHRI.

Sous le 1er Empire, la Garde Impériale est perçue comme l’élite de l’armée française. Les grenadiers à pied forment l’élite de cette élite et servent de fait de réserve suprême, apte à décider du sort d’une bataille indécise. Retour sur le parcours d’un Ambarrois ayant servi en leur sein …

Jean-Louis Simplet est né le 6 décembre 1773 à Ambérieu-en-Bugey. Agé d’à peine 20 ans, il entre comme fusilier à la 5e compagnie du bataillon de Montferme le 23 septembre 1793. Il est présent à la revue d’amalgame de ladite unité, opérée à Barcelonnette le 4 prairial an II. Notre homme passe alors à la 100e demi-brigade d’infanterie de ligne. Il s’y distingue par sa bonne conduite, ce qui lui vaut de rejoindre une compagnie de grenadiers de la 45e demi-brigade d’infanterie de ligne en messidor an VI. C’est aux côtés de ces hommes qu’il est blessé le 2 juillet 1799, lors du combat de Saint-Julien.

En l’an XIII, le colonel de son régiment lui ordonne – ainsi qu’à deux autres grenadiers – de se rendre à Paris, où « il se présentera au général chef de l’état-major de la Garde impériale pour faire partie des grenadiers à pied ». Cette décision témoigne de sa réputation irréprochable sur le plan moral, comme militaire. Simplet intègre effectivement cette prestigieuse unité, et ce, au plus grand contentement de son père :

Vous m’annoncez que vous avez quitté la 45e demi-brigade pour entrer dans la Garde Impériale. Je vous félicite mon cher fils de ce changement, et vous en témoigne toute la satisfaction que nous avons tous éprouvé.

Et de fait, l’Ambarrois sert à la 1ère compagnie du 1er bataillon du régiment des grenadiers à pied du 24 juillet 1804 au 16 septembre 1809, date à laquelle il obtient son congé de réforme en raison de son âge – 36 ans –, des fatigues de la guerre et d’une faiblesse de poitrine. Entre temps, il a pris part aux campagnes d’Allemagne, de Prusse, de Pologne et d’Espagne.

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Fiche-matricule de Jean-Louis Simplet dans l’un des registres des grenadiers à pied de la Garde Impériale – Service Historique de la Défense, Vincennes.

Au cours de son service aux armées, il reçoit également diverses lettres de sa famille. Le 26 mai 1806, son père l’encourage ainsi à remplir ses devoirs et à se conduire honnêtement. Le 22 février 1807, il s’enquiert cette fois de ses nouvelles et lui annonce le mariage de sa sœur.

A son retour dans ses foyers, Jean-Louis Simplet acquiert la terre du Rosier, auparavant propriété de Marie-Françoise Martin. En outre, il se marie à Ambérieu le 3 juillet 1810. Le contrat de mariage stipule qu’il a vocation à prendre soin de son père vieillissant, auprès de qui il doit résider. Cette cohabitation forcée se passe fort mal.

Grenadier Jean-Louis Simplet Garde Impériale Musée de l'Armée
Grenadier à pied de la Garde Impériale – Mannequin du Musée de l’Armée, GA 27.

Le 25 octobre 1814, Simplet reçoit la décoration du Lys. Aux Cent-Jours, il est mobilisé pour la défense de la place de Pierre-Châtel et intègre le 3e bataillon de militaires retraités, dont il est licencié le 11 août suivant. Propriétaire à Ambérieu à compter de 1832, Simplet décède dans cette même commune le 7 décembre 1857.

Sous le Premier Empire, nulle silhouette n’est plus populaire que celle du grenadier à pied de la Garde Impériale. S’il n’est pas rare qu’un uniforme d’officier soit associé à une personnalité, cette situation tend à devenir exceptionnelle lorsqu’il s’agit d’un homme de troupe. L’uniforme – plus précisément l’habit et le gilet – du grenadier Simplet a rejoint les collections du Musée de l’Armée en 1904, à la suite de son achat auprès de François Castanié, l’un des membres fondateurs de la Société de la Sabretache. Doté de basques longues, cet habit est taillé dans du drap de laine bleu. Les revers sont blancs et les parements, écarlates. Une inscription réalisée dans la doublure de l’habit – « Simplet, grenadier à pied 1er bataillon, 2e puis 1re compagnie » – révèle l’identité de son possesseur. La patience de ce soldat – un instrument destiné à faire luire les boutons – est également conservée dans les collections du musée.

 


Bibliographie et Sitographie.

  • Croyet, Jérôme, « Le bataillon de Montferme », Traditions, 11, 2016.
  • Haussadis, Jean-Marie, Robbe, Emilie (dir.), Napoléon et les Invalides : Collections du Musée de l’Armée, 2010.
  • GR 20 YC 5bis (Grenadiers à pied – 16 ventôse an X [7 mars 1802]- 6 janvier 1810 – matricules 2 965 à 5 756), Service Historique de la Défense, Vincennes.

 

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