5-6 juillet 1809 : Des soldats de l’Ain à la bataille de Wagram

Suite à la terrible bataille d’Essling, décrite par Patrick Rambaud dans son roman La Bataille [1], la Grande Armée se concentre dans l’île de Lobau. Cette dernière s’est muée en un véritable camp retranché. Afin de porter un nouveau coup aux Autrichiens,

‘dans un mois nous attaquerons’, dit l’Empereur. ‘Nous aurons cent cinquante mille hommes, vingt mille chevaux, cinq cents canons. Berthier me l’a certifié. Qu’est-ce que c’est, là-bas, au fond de la plaine ?’ ‘Les baraques du camp de l’archiduc’. ‘Si loin ?’ L’Empereur, avec une brindille, dessina un plan sur le sable. ‘Dans les premiers jours de juillet, nous passons en force. Macdonald et l’armée d’Italie, Marmont et l’armée de Dalmatie, les Bavarois de Lefebvre, les Saxons de Bernadotte ; vos divisions, Masséna, se portent entre les villages’. Il redressa la tête pour observer la plaine. ‘Masséna, et vous Sainte-Croix, je vous le dis, là ou l’Archiduc a planté ses baraques, ce sera sa tombe ! Comment s’appelle ce plateau où il s’adosse ?’ ‘Wagram, Sire’ [2].

Alors que les Autrichiens s’attendent à le voir utiliser l’île de Lobau comme base de départ, Napoléon choisit de faire traverser ses troupes en aval. A 21h le 4 juillet, Napoléon fait entamer les opérations de franchissement.

Au matin, leurs positions de départ solidement consolidées, les Français progressent vers le village de Wagram. A la levée du jour, les premiers éléments français s’emparent de Gross-Entzersdorff. Au nord, les troupes d’Oudinot avancent sur Raasdor. A gauche, Masséna tourne l’ennemi à Aspern et Essling, tandis qu’à droite, Davout marche sur Brakgraf-Neusiedel. Dès lors, l’armée française se trouve en bataille dans la plaine. Vers 8h, les troupes de Bernadotte attaquent le village de Wagram. Oudinot doit, lui, enlever Baumersdorf, situé plus à l’est. Désireux de vaincre avant l’arrivée des renforts amenés par l’archiduc Jean, Napoléon décide alors de s’en prendre à l’aile gauche autrichienne. L’archiduc Charles réagit promptement : il tente de couper la Grande Armée de sa tête de pont, tout en menaçant son flanc gauche.

Le lendemain, les adversaires reprennent le même plan d’opérations. Les Autrichiens passent les premiers à l’action et bousculent – de nouveau – le corps saxon de Bernadotte, vers Aderklaa. Néanmoins, l’indécision des subordonnés de l’archiduc, tout autant que le feu des batteries placées sur l’île de Lobau, favorisent un redressement français.

Davout occupe la droite française et résiste au choc des attaques de Rosenberg. Cependant, ses troupes progressent difficilement face à l’aile gauche autrichienne. Pierre-Joseph Morellet, né à Torcieux, sert au 19e régiment d’infanterie de ligne. Blessé d’un coup de feu à la jambe droite le 5 juillet, il parvient néanmoins à faire plusieurs prisonniers.

Artillerie de la Garde Wagram juillet 1809 Jack Girbal .jpg
L’artillerie de la Garde Impériale à la bataille de Wagram, 6 juillet 1809 – Aquarelle originale de Jack Girbal. Les pertes furent si lourdes qu’il fallut recourir à des fantassins de la Garde Impériale – ici, des chasseurs à pied – pour compléter les effectifs des batteries. 

Napoléon enfonce le centre autrichien en faisant donner la grande batterie d’artillerie ; cette dernière est soutenue par l’armée d’Italie de Macdonald. Les pertes des artilleurs de la Garde sont effroyables. Pierre Béatrix, natif du Poisat, et Nicolas Quinson, originaire de Coutelier – tous deux canonniers à la 4e compagnie d’artillerie à pied de la Garde -, sont tués. Le premier décède de ses blessures ; le second est fauché par un boulet.

Général Puthod
Le général de division Puthod

Davout finit par prendre l’offensive : les troupes autrichiennes sont certes enfoncées mais se replient en bon ordre. Les troupes du général de division Puthod, de Bagé le Châtel, enlèvent Wagram à la baïonnette. La bataille est remportée in extremis par une Grande Armée largement composée surtout de jeunes soldats étrangers ou inexpérimentés. Pour autant, l’archiduc Charles parvient à s’échapper et ne demande l’armistice que le 12 juillet.

A l’issue de la bataille, la maréchal Berthier est créé prince de Wagram ; les généraux Oudinot, Marmont et Macdonald sont faits maréchaux. Quant à Anthelme-Marie Merme, de Châtillon-en-Michaille, conscrit au 67e régiment d’infanterie de ligne, il est nommé sous-lieutenant sur le champ de bataille.

Au total, les Français ont perdu 18000 blessés et 7000 tués, dont 5 généraux et 7 colonels. Pierre-Joseph Monin, du canton de Saint-Trivier de Courtes, fusilier à la 3e compagnie du 2e bataillon du 12e régiment d’infanterie de ligne, fait partie des soldats tués à la bataille. Les Autrichiens perdent, pour leur part, 5631 tués et 18118 blessés.

Après la bataille Louis Frégier
Le soir de Wagram – Dessin original de Louis Frégier.

Notes.

[1] Rambaud, Patrick, La bataille, Grasset, 1997.

[2] Ibid.